LES FIBRES/PAPIERS

Les fibres végétales : C'est ainsi que l'artiste nomme les oeuvres réalisées sur un support qu'il fabrique depuis 1986 : le papier.
Le support (des fibres végétales) se confond avec l'oeuvre. La peinture ne cesse d'entretenir une électricité de sens avec son support qui est une composante consubstantielle de l'oeuvre.
Matérialité des fibres végétales que l'oeil palpe, tellement les accidents, reliefs et rugosités suggèrent une sensation.
Matérialité dense des fibres. L'oeil se perd entre les reliefs, crevasses, canyons, zébrures, fêlures... L'aspect tactile de l'oeuvre est rehaussé parfois par un usage immodéré de couleurs chaudes. Ce qui comble la main de l'esprit.
André Elbaz entretient une relation particulière avec ses papiers. Il en parle comme d'une chose vivante. Il veille sur le secret de leur fabrication, mais évoque volontiers de l'enthousiasme et des déceptions qu'ils lui procurent.
 « La fibre est comme les sentiments. Elle circule, évolue, on ne sait pas qu'elle voie elle va emprunter. »
André Elbaz entretient une relation très personnalisée avec la fibre : « Je la manipule amoureusement, je lui parle quand je la lave, la rince. Je l'entretiens comme une fiancée, qui va dans une totale intimité se livrer à moi, comme dans un acte d'amour où celui d'un praticien qui aide un enfant à naître »

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Il n'est pas question de surface plane dans les fibres végétales". écrit à ce sujet Aziz Daki - Commissaire de la rétrospective organisée par l'institut Français de Casablanca pout Andre Elbaz

André Elbaz a commencé à fabriquer ses papiers à partir de 1986. Il est l'un des rares artistes au monde à avoir percé, d'une façon à la fois intime et savante, le secret de l'évolution des fibres.

L'artiste est intarissable sur le mystère de la mise au monde du papier. Il balbutie en décrivant l'émerveillement de voir la fibre sortir de l'eau. Avec la fibre, l'artiste est aussi confronté à l'antonyme de la naissance.
 

"Qui parmi ceux qui pratiquent la fibre, arrive à s'oublier quand elle commence à puer la mort,  parce qu'elle vient du coton et du lin dont on fait les linceuls, cette fiancée ?"

L'appétit de donner naissance est toujours plus impérieux quand on frôle la mort. Le miracle de cette rencontre, c'est que la vie succède à la mort. La vie survit à la mort dans l'oeuvre d'André Elbaz.
 

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